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La nuit derniere, il est encore venu. Comme la précédente et comme celle d'avant. En entendant son pas dans le couloir, elle s'est ratatinée en foetus, les genoux sous le menton, les bras autour des jambes , les paupières serrées à en avoir mal. Puis la porte s'est ouvertes et, sans même la voir, elle a su que son ombre, éclairée par derrière, se projetait sur elle, immense, une ombre de géant. D'ogre.
Il s'est approché. En dépit de la peur qui lui tordait le ventre, elle s'efforcait de respirer calmement. Godiche ! Rien ne l'arrête, elle ne le sait que trop : ni supplications, ni pleurs, ni grincements de dents. Alors, un sommeil d'enfant...!
-Mina (11ans) a-t-il appelé doucement. Mina c'est moi ! Je suis venu te faire un petit coucou !
Elle n'a pas bronché.
-Allons, allons gredine ! Je sais que tu m'entends !
Il a tenté de la déplier. Durant un bon moment elle a résisté, mais elle sait déjà comment ca se terminerait. Se sentant faiblir, elle à gémis.
-Non ! non ! Laisse moi, s'il te plaît !
Et lui, patelin :
-Chut ! Pas si fort, Laura va nous entendre ! Tu ne voudrais pas faire de peine à maman, n'est-ce pas ?

[...]

Il y a longtemps que Mina y pense. Très, très longtemps. Depuis la première "visite" de Michel, en fait. Mais bon, à onze ans, fuguer, ce n'est pas évident...
Partir.
Loin.
A l'autre bout de la terre.
Pour ne plus le voir. Pour ne plus sentir ses mains, son corps lourd qui l'écrase. Cette chose qui entre en elle. Cette chose horrible...
Pour ne plus l'entendre respirer, surtout. Ca, c'est le pire de tout : ce souffle rauque, ahanant, qui se précipite à mesure que s'accélère le tressautement de ses hanches.
Se elle en avait la force, sûr, elle l'étranglerait. Elle lui serrerait le cou de toutes ses forces pour empêcher l'air de passer. Mais ce sour épais et rouge, ce cou de taureau, de boucher, ses petites mains n'en font même pas le tour...
Elle à bien essayé un jour de le griffé. Il à ri et, flatté par ce qu'il prenait pour de l'excitation, l'a exhortée à modérer son enhousiame : si leur "coucou" du soir laissait des traces, Laura en prendrait ombrage. Et elle ne voulait pas que maman se fâche, n'est-ce pas ?
Alors, de guerre lasse, tandis qu'il s'agite sur elle en suant, tandis qu'i lmalaxe de ses gros doigts moites le fragile renflement qui lui tient lieu de seins, en couvre sa peau de baiser limaces, elle se sauve, en pensée. Elle se glisse hors dut lit. S'habille, prends ses économies, un slip de rechange, et tchao !

[...]

Ce rituel est devenu sa survie. L'arrivée de Michel déclenche automatiquement le film. Il s'approche d'elle et, mentalement, elle saute sur la carpette. Il l'embrasse ; elle passe son tee-shirt. Il la caresse ; elle met son pull et ses chaussettes. Il soulève sa chemise de nuit ; elle enfile son jean. Il se débraguette ; elle fourre ses pieds dans ses baskets. Il la pren : Elle prend le large.
L'ogre n'étreint qu'une enveloppe vide. Mina, elle, sort de l'immeuble. La rue obscure l'accueille. Elle a un peu peur, certes mais que peut-il lui arriver de plus affreux que ce qui se déroule là-haut, en ce moment même, dans sa chambrette ?